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Noe Lazare,
 

master kebap en légumes grillés !

Entretien réalisé lors de la production de la murale d'Anthony, le 09 mai 2021.

Portrait Noé Lazare. Crédits : POLR

Salut Noé, peux-tu te présenter en quelques mots ?

J’ai 27 ans, autodidacte de la restauration, je suis passionnée de cuisine et je suis le fondateur et gérant de Gemüse qui était le premier kebap berlinois de France. On l’a ouvert en 2018 et on était les premiers à importer le kebap berlinois en France.

Racontes-nous ton meilleur kebab, ta meilleure adresse ou le kebab de tes rêves ?

 

Mon meilleur kebab c’est celui qu’Anthony m’a dessiné ! Sérieusement, on va croire que j’ai d'énormes chevilles mais le but avec Gemüse c’était de faire le kebab de mes rêves. J'estime ne pas en être trop loin. Le kebab de mes rêves, c’est un kebab qui soit bien gourmand, avec une viande parfaitement cuite, coupée très finement.

Une des très très belles expériences que j’ai eues, c’était à Berlin. Un kebab dont je ne me rappelle même pas le nom et que je recherche toujours. Le mec avait une broche 100% bœuf ce qui est assez rare. Il faisait des lamelles, du papier de cigarette, c’était grillé à la perfection, dans un pain pide, c’est le pain sésame que j’ai essayé de reproduire ici chez Gemüse, un pain croustillant, avec une tonne de choux rouge et d’oignons, une sauce à l’ail. Un des meilleurs de ma vie, clairement, même si tu pues bien de la gueule après ! C’était du pur kebap à Berlin ! Un très bon moment, mais j’en ai beaucoup vécu de beaux moments kebabs dans ma vie !

Tu es implanté depuis 2 ans et demi dans le 18ème à Paris, quelle est ta relation avec le quartier, les commerçants, les habitants etc. ?

Quand j’ai ouvert le resto, j’avais envie de trouver un quartier qui soit à la fois jeune mais qui soit aussi familiale, cosmopolite, qui soit représentatif de ce que je kiff à Paris, c’est à dire un quartier qui vit, qui est densément peuplé avec plein de petits commerces, où il y a un peu une vie de village, où ça ne soit pas juste un certain type de population.

 

Le kebap que je voulais faire, c’était un kebap qui s’adresse à tout le monde, je ne voulais pas que ça soit le kebap des bobos ou le kebap de luxe ou le kebap gourmand, mais un kebap universel, où tout le monde puisse s’y retrouver d’une manière ou d’une autre. Et pour cela j’avais besoin d’un quartier à taille humaine. C’est ce que j’ai trouvé dans le 18ème, c’est un petit coin à la jonction de plein de quartiers différents, avec une population qui est extrêmement diversifiée. Cette envie se ressent dans à peu près tous les commerces autour de Gemüse donc on a une super-bonne relation entre commerçants.

 

J’essaye aussi un maximum de travailler avec les commerçants du quartier, quand j’ai des produits à aller chercher, je vais les chercher au plus près quand je peux. Il y a des petites initiatives sympas, comme les Frigos Solidaires, qui sont des frigos à l’extérieur d’un restaurant du quartier, dans lequel on peut mettre des produits et dans lequel n’importe qui peut prendre les produits qui y ont été déposés. Donc toute notre matière première qui est périssable et qu’on ne peut pas écouler sur une journée, on la prépare dans des contenants, et on les met dans ce frigo pour que les gens puissent en profiter. 

Les Frigos Solidaires
18e, Rue Ramey, Paris

Tu es de Paris ? 

Oui, je suis Parisien à la base, et j’ai vécu presque toute ma vie à Paris, plutôt dans le sud de Paris donc le nord c’était presque l’étranger, l'exotisme !

Comment tu définis le 18ème ?

Pour moi le 18ème, c’est un quartier cosmopolite, mais assez apaisé dans sa diversité, c'est-à dire qu’il y a plein de communautés qui cohabitent les unes avec les autres. J’allai dire jusqu’à ce qu’elles se mélangent, mais c’est peut-être un peu encore utopiste. C’est quand même un quartier qui vit, quelle que soit la partie du quartier dans laquelle on est et dans lequel les gens ont quand même, en tout cas à mon sens, un grand respect entre eux, ce qui fait un quartier vraiment hyper chaleureux et à taille humaine.

Pour revenir au projet, pourquoi as-tu choisi de faire une murale sur ton rideau et pourquoi Anthony ? 

Une autre particularité de Gemüse dans le sandwich que j’avais conçu, c’est un sandwich ultra coloré, et qui donne envie de croquer dedans, qui doit avoir l’air gourmand. On avait fait un gros travail sur l’aspect du sandwich, quand tu le reçois, quand tu l’ouvres, il est plein de couleurs, il est bien garni. En fait ça faisait longtemps que je voulais faire passer tous ces messages par la devanture, qui avant était plutôt grise. C’était aussi une volonté de donner au quartier des couleurs un peu sympa et donc je cherchais un artiste qui soit capable de faire passer ce message d’accessibilité, d’universalité, de couleurs, de gourmandise dans son approche. Grâce à Artichaud, j’ai découvert Anthony, et son travail m’a beaucoup plu, c’était rond, gourmand, inventif, créatif, ça parlait au plus grand nombre. J’ai grave kiffé et très rapidement on est tombé sur cette proposition là, qui est top, et donc je suis hyper content. 

Kebap Gemüse. Crédits : POLR
Oktoberfest

Tu as des projets pour les 3 ans, des projets futurs pour Gemüse ? 

Anthony a 3 mots pour décrire ses projets et moi je dois dire mes projets pour les 3 prochaines années ! 

Mes projets pour les 3 prochaines années, c'est de la bouffe, de la bouffe et de la bouffe ! Pour les 3 ans de Gemüse, c’est tout de suite moins fun ! J’aimerais que tous mes gars soient habillés en bavaroises, j’aimerais qu’on serve des pintes, version Oktoberfest, bière allemande de 1L, avec des tables sur l’intégralité de la place, des lampions et j’aimerai un groupe de musique folklorique et Ribéry avec une roue pour qui la fasse tourner ! 

Personnellement, j’aimerais continuer de m’améliorer en cuisine, me tourner un peu plus vers la restauration traditionnelle, ouvrir peut-être d’autres concepts que j’ai en tête et qui me tiennent aussi à cœur. Et puis, toujours des gros sandwichs, de la grosse bouffe et des trucs gourmands bien cuisinés !

Pour finir, as-tu une oeuvre d’art incontournable à nous conseiller ?

 

Il faut lire “ Le Désert des Tartares” en écoutant Jean-Michel Jarre. Le mec essaye de faire des ponts entre deux choses qui n'existent pas ! Bouquin incroyable sur l’attente et le monde qui attend quelque chose de la vie. Tu en apprends beaucoup sur l’attente, très très beau bouquin. Jean-Michel Jarre, tes darons vont te dire “ce sont des concerts à 50 millions de personnes”, ils ont raison. C’est de la balle ! Jean-Michel Jarre avant tout, il est Français en plus ! 

 

"Le Désert des Tartares” c'est un incroyable bouquin, de Dino Buzzati. C’est l’histoire d’un jeune italien qui a des rêves de grandeur et qui décide de s’engager dans l’armée. Il est affecté dans un fort où il doit défendre le Désert des Tartares. Le mec arrive dans le fort et se rend compte qu’il y a que des vieux, qui attendent une guerre depuis des années qui n’arrive jamais. Il a devant lui l’exemple même du fait qu’il va sans doute se retrouver comme ça, alors qu’il est dans la fleur de l’âge, mais pour des rêves de grandeur absurdes il se met là-dedans et nique sa vie. Très belle métaphore de plein de choses de la vie. Je recommande ! Après tu peux aussi aller te bourrer dans un bar et demander le dessert du tartare et le mec va te sortir un pur truc !

Désert des Tartares.png
Portrait Anthony Lopez. Crédits : POLR

Discussion avec Anthony Lopez, artiste ?

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